Raphaël Llorca Fils De – Raphaël Llorca, communicant et doctorant en philosophie du langage, examine dans son livre comment Emmanuel Macron s’est imposé dans le paysage politique avec une marque plutôt qu’une orientation politique, mais combien il lui est difficile de la maintenir.

Llorca prépare actuellement son doctorat en philosophie du langage.Une nouvelle analyse des processus politiques au prisme de la communication et de la philosophie du langage a été présentée par Raphaël Llorca, qui était doctorant à l’EHESS au moment de la parution de “La Marque Macron”.
Il enquête sur les canaux de communication qui existent entre Macron, Le Pen et Zemmour dans son dernier livre, “Les nouveaux masques de l’extrême droite”, publié par la Fondation L’Aube – Jean Jaurès. Entretien.
Mon propos n’est pas d’insinuer que nous commercialisons des politiciens de la même manière que nous commercialisons du savon. L’usage de la marque ne se limite pas à un cadre purement économique.
Tout se résume à sa capacité à communiquer une vision, un système de valeurs et plusieurs scénarios. Alors que l’image de marque commence par le projet plutôt que par le client, le marketing commence par le client.
Cela me semble être une grille de lecture intéressante pour mieux appréhender les mouvements sociaux récents comme le macronisme.
Une seule valeur a ce degré de malléabilité, et c’est la valeur neutre, ou neutre. Neutre se traduit littéralement par “ni l’un ni l’autre”. Roland Barthes (1915-1980) a proposé que le concept de neutralité « se rapporte à la levée du conflit, à son esquive, à son ajournement ».
Selon l’étude, “ce qu’ils font chez Macron n’est pas une synthèse, c’est plutôt une forme de subversion et de tromperie”.
Le fondateur d’En Marche a décidé de modeler son organisation sur le rôle de l’entrepreneur politique qui construit ce qu’il appelle « la start-up nation » afin de symboliser le concept de neutralité.
Macron est celui qui, en fait, est celui qui refuse de s’adapter aux données d’un système et qui, grâce à la disruption, s’efforce de s’affranchir des alternatives proposées pour penser un troisième approche qui n’a jamais été faite auparavant. Par exemple, quelque chose qui n’est ni une voiture personnelle ni un taxi : un Uber.
En 2017, Emmanuel Macron a su définir une variété de valeurs qui s’opposaient les unes aux autres. Il incarne à la fois les caractéristiques du conservatisme et du progressisme.
Il a un fort attachement au républicanisme, bien qu’il s’inspire d’un univers monarchique. Il fait référence au général de Gaulle et à Jeanne d’Arc dans une égale mesure.
De mon point de vue, le concept du neutre était le fondement autour duquel sa campagne était basée. Le philosophe Roland Barthes a donné une définition assez claire de ce concept dans les années 1970, et il renvoie à une valeur qui permet de renverser les oppositions.
Pas dans le registre de la confrontation directe, mais plutôt dans le registre de l’évitement indirect en créant une nouvelle ouverture, une lueur d’espoir, et la fameuse « troisième voie ».
Machiavel, qui a vécu de 1469 à 1527, est l’auteur de la citation « Gouverner, c’est faire croire ». Le doctorant en philosophie du langage interroge le pouvoir dans une perspective symbolique, et il utilise cette citation comme référence.
Il rappelle le fait que la marque se distingue du marketing en ce qu’elle est fondée sur un ensemble de valeurs fondamentales tissées dans une histoire puis représentées par un ensemble de symboles.
Il interroge les principes qui sous-tendent le macronisme et distingue mouvement et transgression. En conséquence, Macron essaie souvent de concilier des principes apparemment incompatibles, tels que la révolution et le conservatisme, ainsi que le passé et le présent.
Raphael Llorca fait des observations précises sur le développement de la marque Le Pen, l’émergence d’Eric Zemmour, la stratégie de diabolisation de Marine Le Pen par opposition à la stratégie radicale d’Eric Zemmour.
la relative normalisation des premiers par les seconds, leurs différences d’écriture médiatique , leurs relations d’opposition au “cool”, la constitution d’un système solidaire entre Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Eric Zemmour, ainsi que le positionnement du Parti républicain, sont autant de sujets qui sont
En février de l’année dernière, le doctorant en philosophie du langage Raphaël Llorca a publié un article intitulé “Les nouveaux masques de l’extrême droite”.
Le jeudi 21 avril 2022, il sera l’invité d’honneur d’une soirée qui sera animée par la Ligue des droits de l’homme (LDH) de la nation de Lorient.
La dynamique d’Emmanuel Macron, qui avait eu la clairvoyance de vouloir porter les espoirs d’un nouvel univers politique et symbolique, s’est cependant vite heurtée à la sévérité de la réalité.
Il peut être considéré comme une sorte de pont entre « en cours » et « en place ». Après un an au pouvoir, la marque Macron a dégénéré en quelque chose de tout à fait différent et s’est, en un mot, transformée. Maintenant, l’une des façons dont le
“neutre” se détériore par le processus de neutralisation. L’analogie que fait Raphaël Llorca entre le chef de l’État et Raminagrobis, le chat de la fable de Jean de La Fontaine, est à la fois humoristique et éclairante. Dans la fable, Raminagrobis mord à la fois la belette et le jeune lapin .
L’enjeu, pour eux deux, est le même : comment gagner dans l’esprit des gens pour pouvoir gagner dans les urnes ? comment passer de la marge au centre du soutien des gens.
Cependant, ils représentent deux approches bien distinctes de la réalisation du radicalisme d’extrême droite. En comparant les deux élections qui se sont déroulées en 2012 et 2017, la méthode de campagne de Marine Le Pen a pris un virage à 180 degrés :
elle a voulu surfer sur la vague de la fureur et dresser le peuple contre les élites, ce qui a conduit à une posture agressive et dure. langue pendant la campagne.
Cette fois, elle a décidé d’arrêter cette histoire après avoir déterminé que le moment populiste était passé et que nous avions changé le registre émotionnel que nous vivions.
Quand Ipsos demande aux Français de qualifier leur état d’esprit, l’épuisement prend désormais la première place, tandis que la furie chute jusqu’à la sixième place. Une autre chose qui a retenu mon attention est que Marine Le Pen n’a pas
Les lignes de bataille sont tracées très clairement dans les annales de l’histoire politique française. Au début, Macron a opté pour un design monochrome en noir et blanc.
Puis, d’un autre côté, il a pris la décision d’utiliser toutes les teintes. Cependant, certaines couleurs, comme le gris, le jaune ou le vert, sont restées secondaires et ne sont utilisées que sur les t-shirts et les mugs.

Et dès qu’il s’est agi d’établir la sainteté, en particulier sur les affiches, il n’y a eu qu’une seule couleur qui a émergé : le bleu. Selon l’historien de la couleur Michel Pastoureau, une couleur qui n’agresse pas est une couleur dite de consensus.